Certaines féministes, souvent associées au courant dit « féminisme radical » ou « feminisme critique du genre », considèrent que les femmes transsexuelles (ou plus généralement les femmes transgenres) ne sont pas « vraiment » des femmes. Cette position repose sur plusieurs arguments, qui sont néanmoins contestés par d’autres féministes et par les militants pour les droits des personnes trans. Voici quelques-unes des raisons évoquées par ces féministes critiques du genre :
Expérience de la socialisation féminine
Ces féministes affirment que les femmes cisgenres (personnes assignées femmes à la naissance et s’identifiant comme femmes) subissent une socialisation distincte dès la naissance en tant que femmes. Elles sont exposées à des stéréotypes de genre, à la discrimination et à la violence fondées sur leur sexe biologique, ce qui forge une expérience partagée. Selon elles, les femmes trans, ayant été socialisées initialement en tant qu’hommes, n’ont pas cette expérience, et cela les différencierait fondamentalement des femmes cisgenres.
Critique de l’identité de genre comme construction sociale
Certaines féministes radicales remettent en question l’idée même de « genre » comme une identité subjective et insistent sur une analyse basée sur le sexe biologique. Pour elles, les luttes féministes doivent s’articuler autour de la libération des femmes en tant que classe opprimée en raison de leur sexe, plutôt qu’autour des questions d’identité de genre. Selon cette perspective, la transition de genre ne permet pas de changer fondamentalement les réalités biologiques ou les structures de pouvoir basées sur le sexe.
Inquiétudes autour des espaces réservés aux femmes
Certains groupes féministes expriment des préoccupations concernant la présence de femmes trans dans des espaces réservés aux femmes (comme les refuges pour victimes de violences sexuelles ou les prisons pour femmes). Elles craignent que la présence de personnes ayant été assignées hommes à la naissance puisse compromettre la sécurité des femmes dans ces espaces, bien que de nombreuses études et organisations en faveur des droits des personnes trans montrent que ces craintes sont souvent infondées.
Rejet des stéréotypes de genre
Pour certaines féministes, accepter l’idée que l’on peut « devenir une femme » simplement en s’identifiant comme telle peut renforcer les stéréotypes de genre que le féminisme cherche à abolir. Selon elles, cela reviendrait à dire qu’il existe des comportements ou des sentiments « typiquement féminins », ce qu’elles considèrent comme une régression par rapport aux luttes pour l’égalité des sexes.
Accès aux ressources féministes
Un autre point soulevé est que, selon ces féministes, l’inclusion des femmes trans dans des programmes ou des quotas réservés aux femmes pourrait détourner des ressources qui devraient aller en priorité aux femmes cisgenres, particulièrement aux femmes les plus marginalisées (femmes de couleur, femmes pauvres, etc.).
Ces arguments sont cependant vivement contestés par d’autres courants féministes, notamment ceux qui soutiennent une approche intersectionnelle ou transinclusive. Ces derniers affirment que le genre est une construction sociale et que l’expérience des femmes trans, bien qu’elle soit différente, doit être reconnue comme valide et méritant le respect et la solidarité féministe. Ils rejettent l’idée selon laquelle les droits des femmes cisgenres et transgenres seraient en concurrence, soutenant plutôt qu’il est possible de lutter ensemble contre le patriarcat et la violence basée sur le genre.